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Les Fins d’Epistémè




Mohamed ZINELABIDINE

Mohamed ZINELABIDINE

Ministre tunisien des affaires culturelles 2016 - 2020

Directeur Culture et Communication - ICESCO



En hommage à Eliane CHIRON

Les Fins… d’Epistémè

Pour l’ouvrage «Socialité et Zeitgeist», j’ai choisi de l’illustrer par une impression surréaliste, autour d’un peintre, d’un tableau que j’ai intitulé «Poïésis» (1.40m/1.20m Acrylique), en hommage posthume à un grand penseur et artiste, à avoir gravé les mémoires du surréalisme et de la poïétique dont il rappelle toujours la référence à Paul Valéry. Il s’agit de René Passeron, un ami dont une certaine image continue de m’ébranler. C’est sans doute ce qui m’a finalement fait faire et décider qu’il soit dans la couverture de cet ouvrage, par cet essai pictural. Pour ne pas dire que je voulais qu’il en occupe la vignette, et que je désirais le placer comme en frontispice. Un geste final, radical, délibéré l’a conduit à demander à «être présent dans son dernier tableau» après sa mort, en priant un ami, après incinération, de déposer ses cendres dans son tableau-ci, à une place réservée à cet effet. Une œuvre qui a été exposée, les 16 et 17 novembre 2018 dans l’amphithéâtre Abbé Grégoire, lors du colloque organisé à sa mémoire, pour célébrer la première année de sa mort. Une manière de mettre en œuvre le surréalisme, la poïétique, l’expérience et la genèse de la création en train de se faire jusqu’à l’ultime. Une poïétique qu’il aura menée jusqu’au bout de la radicalité. Encore une fois, un Zeitgeist particulier de ces temps remuants, à mieux comprendre et interroger. Parmi les penseurs du présent ouvrage, Giulio Preti, qui est né à Pavie, en Italie en 1911 et décédé à Djerba, en Tunisie, où il sera enterré en 2006. Italien de naissance, tunisien d’adoption, sa demeure éternelle sera Djerba. Il aura été la figure philosophique prépondérante d’une pensée italienne en rapport avec l’«illuminismo», toujours présente. La philosophie italienne y développe une synthèse intelligente entre la connaissance de l’après Kant ou phénoménologique de Husserl, et un positivisme hérité du Cercle de Vienne. Subtilement, on y retrouve l’antinomie opposant la vérité objective des sciences à la valeur historique de la connaissance. Giulio Preti aura développé une analyse aiguë sur les concepts logiques de syntaxe et de sémantique, élaborés progressivement par la tradition conduisant de Bolzano à Russell. Il portera son analyse également sur la nature du sens commun, du langage naturel et de la tradition pragmatiste, en l’occurrence chez Peirce, Lewis et Dewey.

A partir d’une démarche syntaxique, sémantique et pragmatique, Giulio Preti tentera de réinterpréter une problématique kantienne et husserlienne, autour des procédés de construction des objets et de constitution d’objectivité. Nous y reviendrons dans le dessein de situer ses essais au regard de ceux ayant participé à la remise en question des idées établies dans la philosophie et la linguistique, ayant aussi déplacé les frontières, agité les esprits modernes, depuis la sociologie jusqu’à la socialité.

Michel Foucault, notre deuxième figure référentielle, est également, et quelque part, un Tunisien d’adoption. Célèbre philosophe français, il a enseigné, à ses débuts, en Tunisie de 1966 à 1968. C’est lui-même qui avouera : «J’étais venu en Tunisie à cause des mythes que tout Européen se fait actuellement de la Tunisie : le soleil, la mer, la grande tiédeur de l’Afrique, bref, j’étais venu chercher une thébaïde, calme et solitaire sans ascétisme. A vrai dire, j’ai rencontré des étudiants tunisiens, alors ça été le coup de foudre. Il n’y a probablement qu’au Brésil et en Tunisie que j’ai rencontré chez les étudiants tant de sérieux et tant de passions si sérieuses, et ce qui m’enchante plus que tout, l’avidité absolue de savoir»i. Sur son passage en Tunisie, et ses empreintes aussi bien sur Michel Foucault que sur ses étudiants, la Revue américaine CELAAN (Organe du Centre d’Etudes des Littératures et des Arts d’Afrique du Nord) basée au Skidmore College (Saratoga Springs, New York), a publié un numéro, dirigée par le Professeur Hédi Abdel-Jaouadii.

Outre son enseignement au département de philosophie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Tunis, son ouvrage majeur «L’Archéologie du savoir», paru en 1969, aura été d’une inspiration tunisienne certaine. Il l’a rédigé lors de son séjour à Sidi Bou Saïd dont Jean Daniel, un ami du philosophe, habitué aussi de sa résidence tunisienne, a rappelé nombreux souvenirs et débats avec le philosophe. Juste après la mort de Michel Foucault, ses étudiants tunisiens ont fondé pour sa mémoire, un groupe de recherches, coordonné par le Professeur Fathi Triki, actuellement titulaire de la Chaire UNESCO de «Philosophie pour le monde arabe», et titulaire de la Chaire ICESCO sur «Penser le Vivre-ensemble dans le monde musulman». Ce groupe de recherche en 1987 avait pour but de «Penser l’aujourd’hui», autour des idées et de la pensée foucaldiennes, des séminaires s’y sont organisés, en présence de Paul Veyne, Didier Eribon et Dominique Seglard. Jules Crétois écrira sur cet éminent philosophe un article intitulé «Tunisie: quand Michel Foucault vivait le Mai 68 tunisien…en mars», article paru en 2018, dont on peut lire : «Le philosophe français Michel Foucault a séjourné deux ans en Tunisie. Il y a découvert la radicalité politique grâce à ses étudiants et laissé derrière lui un certain nombre de mythes, dont certains mériteraient d’être démolis, selon Fathi Triki, enseignant et ancien élève du Français.Tous les vendredis, ils sont plus de deux cents étudiants tunisiens à se masser pour assister au cours donné par Michel Foucault, à la Faculté des lettres et des sciences humaines, sur le boulevard du 9 avril à Tunis. Nous sommes au milieu des années 1960. Le philosophe français, spécialiste des relations entre pouvoir et savoir, un des intellectuels contemporains les plus célèbres de son temps, est arrivé en septembre 1966 en Tunisie… Dans la Capitale tunisienne, Foucault assiste à l’éclosion d’un mouvement insurrectionnel.... Fathi Triki explique : «Lorsqu’il arrive en Tunisie, Foucault est encore proche d’un certain nombre de gaullistes. Il est tout sauf un révolutionnaire. La Tunisie le change profondément. Le linguiste Georges Dumézil, très proche de lui, dira plus tard ne pas le reconnaître à son retour : il était devenu radical !»

C’est Jean Daniel dans «Michel Foucault (1926-1984) ou la passion de l’insolite»iii, qui écrira : «C’était Michel Foucault, alors professeur en Tunisie. Il écrivait «L’Archéologie du savoir». Son autorité, depuis «Les Mots et les Choses», s’imposait déjà dans les cénacles parisiens. Clavel, notre Maurice, avait décidé que Foucault, c’était au moins aussi important que Kant. Mais dans ce village où il était heureux....à chacun de mes voyages, j’allais le chercher pour une promenade qu’il aimait longue, rapide, nerveuse...Quand je prétendais le ramener à ce que j’appelais (improprement selon lui) sa philosophie, il me faisait observer que toute philosophie s’épuisait désormais dans le politique ; que le philosophe à avoir le mieux compris cela, c’était Merleau-Ponty...Il me répondit : à peu près tout, ajoutant que je paraissais ignorer le vrai sens du journalisme politique, le bonheur intellectuel de vivre le présent, seule réalité qui eût désormais de l’épaisseur. Comment pouvait-on en philosophe avoir de l’intérêt pour ce qui disparaît dans le moment même où l’on tente de l’appréhender ? Et surtout, comment élaborer une réflexion politique dans le vécu d’un présent qui charrie n’importe quoi, sans disposer d’une formation historique et d’une référence intellectuelle ? Avec toutes ces questions, nous étions, selon Foucault, au cœur de la philosophie telle qu’il la concevait désormais. Et si je lui disais mon égarement devant l’irruption de tel ou tel événement qu’on ne pouvait plus enfermer dans des interprétations et encore moins dans des concepts, il me répondait, par horreur de l’universel, que c’était précisément là ce qu’il m’enviait. Peut-on être philosophe, je dirais même intellectuel, et renoncer à l’universel ?» Jean Daniel rapporte les réponses de Foucault résumées dans un entretien qu’il accorda plus tard, et sera publié dans Le Nouvel Observateur. En voici un extrait : «Auparavant et pendant longtemps, la question de la philosophie a été : «Dans ce monde où tout périt, qu’est-ce qui ne passe pas ? Que sommes-nous, nous qui devons mourir, par rapport à ce qui ne meurt pas?» Or, depuis le XIXè.s., on ne cesse de se rapprocher d’une autre question: Qu’est-ce qui se passe actuellement et qui passe ? Que sommes-nous, nous qui ne sommes peut-être rien d’autre, rien de plus que ce qui se passe actuellement ? La question de la philosophie, c’est la question de ce présent qui est nous-mêmes. C’est pourquoi la philosophie aujourd’hui est entièrement politique et entièrement historienne. Elle est la politique immanente à l’histoire ; elle est l’histoire indispensable à la politique.»

Dans «Le Nouvel Observateur», c’est Foucault qui affirmera : «Je pense que les intellectuels doivent renoncer à leur vieille fonction prophétique. Et par là je ne pense pas seulement à leur prétention à dire ce qui va se passer mais à la fonction de législateur à laquelle ils ont si longtemps aspiré: Voilà ce qu’il faut faire. Voilà ce qui est bien. Suivez-moi : dans l’agitation où vous vous trouvez tous, voici le point fixe, c’est celui où je suis. Le sage grec, le prophète juif et le législateur romain sont toujours des modèles qui hantent ceux qui aujourd’hui font profession de parler et d’écrire. Je rêve de l’intellectuel destructeur des évidences et des universalités, celui qui repère et indique dans les inepties et les contraintes du présent les points de faiblesse, les ouvertures, les lignes de force ; celui qui, sans cesse, se déplace, ne sait pas au juste où il ne sera ni ce qu’il pensera demain car il est trop attentif au présent […].»

Jean Daniel conclura : «Depuis Bergson, aucun philosophe ne s’est jamais autant soucié de bien écrire, et la langue de Foucault était somptueuse; mais, de plus, la conversation avec lui avait ce don enchanteur et redoutable : elle donnait à l’interlocuteur la complète illusion de devenir intelligent. Raymond Aron intimidait par sa capacité souveraine à discerner, à extraire, à classer, à juger. Sa supériorité excluait. Foucault invitait à l’accompagner dans sa recherche déroutante. Avec lui, on séparait, dissociait, déconstruisait pour aborder les rives de fleuves inconnus et limpides mais dont le cours ne s’arrêtait pas. On était rassuré par Aron ; entraîné et enrichi par Foucault. Ce dont je serai le plus privé, c’est de ses attentes. J’étais comblé qu’un homme que j’admirais tant crût pouvoir attendre, et si continûment, quelque chose de moi et de mon journal. Voici que ce regard de l’amitié et de l’exigence me manque déjà - douloureusement» iv.

Ma troisième référence puisera dans la précédente d’interminables connexions, recoupements et inspirations. Ce sera, Michel Maffesoli pour qui «La fin d’un monde n’est pas la fin du monde», celui-là même qui travaille sur «l’épaisseur du présent» ? Cela ne vous rappelle-t-il pas un autre philosophe que je viens de citer, auteur de «l’épaisseur du présent», du «sens du quotidien», de «l’intellectuel destructeur des évidences et des universalités», du «philosophe, comme appellation impropre» et qui s’attardait, selon Jean Daniel sur le bonheur intellectuel de vivre «le présent», seule réalité qui eût désormais de «l’épaisseur» ? Oui, nous retrouverons en effet chez Michel Maffesoli une imprégnation certaine des idées de Michel Foucault, une imprégnation aux côtés de nombreuses autres, bien évidemment, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, amplement, ce qui allait faire de lui la synthèse d’une pensée complexe, augurant de l’auteur prolifique, de l’esthéticien dionysiaque, du sociologue sensuel, du philosophe de l’orgie, le contemplateur sans cesse du présent. C’est en cela que la pensée maffesolienne restituera l’interprétation de la socialité, toujours en liaison avec le quotidien, le présent. Il approchera le lien social dans sa dimension immersive, subversive, transfigurative, au regard des pouvoirs politiques, économiques, institutionnels qui en situeront le sens et l’essence, au pluriel. Une Socialité qu’il trouve plaisir à décliner, celle de la proximité, de l’affect, de l’émotionnel, de «l’imaginal», d’un certain regard porté sur soi-même, pour que «ce soi-même» en devienne finalement porté. Porté par quoi, par qui ? Par ce regard, ce regard de l’autre et l’image qui en dessine la portée, une image qui progresse dans le champ et le temps de l’observation, en phase avec la dialectique du pouvoir et de la puissance. Depuis ses premières publications sur la «Logique de la domination» (1976), «Du nomadisme» (1997), il tient à attirer l’attention sur la critique dont il rend compte sur la modernité. Comment celle-ci induit-elle au-delà de l’aliénation et le pouvoir de domination qu’elle cherche à infliger et à tarauder, un ensemble de pratiques sociales opposées, comme l’errance, l’aventure, la précarité, la frivolité, l’instantanéité, toutes agissant contre l’orthodoxie de l’ordre établi? Alors que la modernité cherchait à consacrer la valeur de l’unique, l’uni, l’unicité, l’universalité, l’individualisme, la postmodernité procédera de la socialité, en revanche, pour creuser davantage la dimension plurielle du social, contre l’unique. Elle réinventera le polythéisme, à l’œuvre et en acte, par l’étance et l’actance d’une solidarité de base, expression d’une certaine quotidienneté, voire d’une certaine organicité.

Ce sont ces idées que je tenterai de développer, dans le contexte de leur avènement propre, mais surtout en les rapportant à leur auteur, le sociologue Michel Maffesoli que j’ai eu le plaisir de connaître, alors qu’il était notre Professeur de «Socialité», à l’Université René Descartes- Sorbonne ParisV. J’ai suivi attentivement ses cours qu’il nous dispensait en licence et en maîtrise de Sociologie, au début des années 1990. Plus tard, et au moment de rédiger ma thèse de sociologie, à la même université, et d’avoir à choisir un directeur de recherche pour ce faire, j’ai quand même opté pour le Professeur André Akoun, que j’ai également eu pour professeur, en même temps que Maffesoli. André Akoun nous enseignait des méthodes et des recherches complètement à l’opposé, privilégiant les sciences sociales et la complexité théorique de la communication. Je reviendrai dans un autre ouvrage, sans doute, pour essayer d’expliciter la pensée d’André Akoun, mon Professeur et directeur de thèse en sociologie, dans un prochain ouvrage que je lui consacrerai. Et c’est tout l’intérêt de l’analyse qu’elle puise dans la diversité des contradicteurs, selon un esprit antithétique des contradictions, des antinomies et des ambivalences que les sciences humaines sont censées porter. Pour l’ouvrage que voici, je déploierai les thèses de Michel Maffesoli, avec un engouement certain sur ce nouveau Zeitgeist, l’esprit d’un temps nouveau, d’une épistémè résiliente, entre sociologie de la modernité et socialité postmoderne.

Contre une sociologie autoritaire, situant l’individu dans les espaces du devoir, de l’impératif du progrès, une socialité multiforme souterraine et émergente s’est-elle déjà installée dans la société ? A sa manière de réinventer l’harmonie différentielle pour y choisir l’attitude préférentielle, une liberté d’être, d’agir qui rompt avec le totalitarisme, l’idéologie dominante, la rationalité triomphante et le diktat des temps modernes. Peut-on y voir des signes d’un nouveau dynamisme social à l’encontre d’une structure sociale pyramidale, par l’instauration du jeu, l’installation du ludisme, le triomphe de la débauche, de l’émotion, de la sensualité, de la fête, augurant désormais et recréant les liens d’un communautarisme sensuel et esthétique ? Un communautarisme forcé, car porté par un imaginal latent qui s’évertue à renverser les certitudes manifestes, ébranler les consciences pour rétablir le désordre, reversant la pyramide des valeurs. Une socialité qui traduit une sociologie de la banalité, un double jeu autour de l’ambivalence du «jeu», du sentiment et d’un sentiment fortement tragique ; celui qu’incarne la vie.

Ce présentéisme qu’il s’accorde à mieux approcher, comprendre, élucider et interpréter, il est dans l’esprit de Michel Maffesoli, une prise en compte du minuscule, du marginal, du détail, du micro, tout ce que la sociologie classique a choisi d’ignorer ou de taire, ces éléments qui bouleversent tant, pourtant, les fondements de la dynamique sociale basée sur la duplicité. Il reprendra pour son compte ce que la sociologie classique daigne reconnaître comme étant de l’ordre de l’important, pour faire entendre une anthropologie politique différente, distinctive celle de l’insignifiant, du banal, des expressions précaires, provisoires, communautaires. Comment redonner sens à ces poésies de l’instant frivole ? Comment redonner de l’épaisseur à ces dimensions minorées du paraître, de l’apparaître, de l’affect, de l’image sublimée, consommée, consumée, vécue, agie, réagie, au miroir de rituels ludiques, sonnant l’heure des valeurs modernes, alors qu’elles étaient supposées immanentes, permanentes, dans l’acception même de la pensée bourgeoise ? Comme agir et réagir pour comprendre un présentéisme tenace, insistant, capricieux, celui des temps postmodernes, alors que la modernité ordonnait un futur à régir, à concevoir, à réaliser. Comme si Dionysos était de retour, il entend chasser Prométhée et réinstaller l’orgie de l’Être-ensemble dans la Cité. Un Être-communautaire contre d’individuation et l’individualisme des temps modernes. L’orgiasme est à l’image de cette socialité au quotidien, et l’organicité est son mode et modèle, ils traduisent dorénavant une quotidienneté tangible, celle d’un Être désabusé, prêt à tout pour s’affranchir et se libérer, pourvu que l’individu s’épanouisse et que sa déraison devienne sa raison gardée, aussi pulsionnelle que déchaînée aux pouls de l’errance et des mœurs buvant jusqu’à la lie.

A-t-on suffisamment compris, pensé et interprété ces changements, autour de ce qui sera considéré comme un vitalisme social, un volontarisme individuel, triomphant d’une moralité moderne de l’ordre établi? A-t-on bien saisi l’esprit des temps actuels, cet esprit des temps en cours, au regard de d’effervescence du désir qu’il fait naître, vivre, apprécier et partager. Une manière de rejeter l’injonction morale, la bourgeoisie utilitariste pour y substituer le Carpe diem ; cueillir la rose, jouir de l’instant, éprouver, sentir et communier.

En agissant contre les valeurs modernes, il y a quand même lieu de considérer que la postmodernité affectuelle et sensible continue de cohabiter avec elles, d’où cette idée que Prométhée et Dionysos ensemble forment une dualité, une binarité, une contradiction certes, mais complémentaire, préfigurant cette même socialité. Un «divin social» pour le polythéisme contre l’uni, le seul et l’unique. Le retour du désordre contre l’ordre pour tisser des liens, au sein d’une société qui ne voyait rien venir. Prométhée cède la place au jouissif Dionysos, ses emprunts anthropologiques prennent un sens dans la saturation des valeurs des temps modernes et la réémergence de Bacchus et le réenchantement du monde. Ces figures ambivalentes et contradictoires se côtoient aujourd’hui de manière conflictuelle, voire antinomique et tensionnelle, tiraillées qu’elles sont devenues entre errance et raison.

Selon Michel Maffesoli, entre individualisation et désindividualisation, la socialité tient de l’empathie quant à un social rationalisé. La modernité systématique, mécanique, instrumentale va inéluctablement vers une postmodernité plus complexe, tribale, multiforme, plurielle, agissant par et pour l’individu, par et pour le quotidien. De l’opposition des paradigmes, une nouvelle esthétique se fait valoir, elle évoluera vers une nouvelle conscience, celle qui n’opposera plus la modernité à la postmodernité, mais s’installera dans cette dernière autour de l’Homo Astheticus, dont Luc Ferry analysera la question référée à l’art aujourd’hui pour remonter aux sources vives de l’esthétique moderne, depuis le XVIIè.s., depuis Kant à Hegel, puis à Nietzsche jusqu’à la postmodernité afin d’interpréter la formation et la transformation du goût.

Bien sûr, pour Michel Maffesoli, l’Homo Astheticus est autre, il n’aura point cette démarche d’analyse et n’aboutira point aux mêmes conclusions. Mais, c’est surtout pour insister sur ces textes qui, sans cesse, déborderont de leurs cadres pour baliser les questionnements majeurs de notre époque. Si à travers l’analyse des présupposés de l’art, Luc Ferry s’interroge sur l’individualisme démocratique et montre qu’il est possible de penser de nouvelles règles de vie collective dans un univers qui sacralise la volonté des sujets, Michel Maffesoli mettra en exergue la nature émotionnelle du lien social, l’hédonisme du quotidien, l’être-ensemble, le plaisir des sens, la reconnaissance du futile et de l’inutile, de la raison sensible. L’émotion esthétique reprendra un sens anthropologique différent par la mise en valeur d’un corps «épiphanisé», selon Maffesoli, pour réveiller les sens et se réveiller dans la lettre des esprits, des couleurs et des lumières révélées.

Eléments ostentatoires de ce qui apparaît dans la profusion de la publicité, l’exacerbation de la mode, l’esthétique du corps et de la danse, l’extraversion des sociétés, alors qu’elles étaient somatophobes, éprouvant jadis, la phobie du corps et de l’image. Elles se livrent à présent à aimer ce corps, autrefois marginalisé, laissé pour compte, elles le feront exalter, valoriser, sous différentes plumes, au miroir d’agrégations sociales aux cinq sens réinventés, auxquels Michel Maffesoli rajoutera un sixième. Il introduira le sens génésique, en rapport avec la sensualité, dès lors que la socialité s’émancipe dans la transe, trouve refuge dans l’extase, se déploie dans l’entase, la reliance, que l’on ne peut se résoudre au silence, à l’ignorance et à l’occultation. Comment la raison, référent catalyseur de la conscience moderne, s’évertuera-t-elle à écarter les modes de représentation de la révélation, la foi, la croyance religieuse, la vérité révélée, la sacralité, au profit d’une réalité intelligible, intangible, vérifiable, relative, des lois, des observations, de la rigueur, des méthodes, de la pensée et de l’expérimentation dans l’objectif de régir la nature et mieux la dominer ? L’Esprit moderne devait compter sur la pensée pure, esprit de la raison rationnelle, de l’intelligence humaine afin d’imposer le triomphe de l’Homme sur la nature qu’il cherchera, à tout prix, à privatiser. C’est également le triomphe d’une idée qui fera son chemin. Comment faire pour que les humains deviennent égaux ? Un individualisme précurseur d’un schéma social qui cherchera à substituer «l’autorité rationnelle» à «l’autorité transcendantale» et faire valoir l’autorité humaine afin qu’elle se prenne en charge, décider de son sort et se libérer de toute autre autorité que la sienne dans le dessein de recouvrer la dignité humaine.

Le travail, la foi en l’avenir, le progrès humain détermineront ainsi les lettres de la modernité, ses principes, ses modalités. Le projectum allait définir le mieux-être, le plus-être de l’Homme, par l’Homme et pour l’Homme. Néanmoins, la critique de la pensée moderne allait devenir, avec le temps, une critique du rationalisme cartésien dans son rapport à la nature, une nature composée uniquement de matière, dans un univers régi par des forces mécaniques. Or l’Homme n’est pas seulement une mécanique, ni un pouvoir ou une autorité sur les lois de la nature. C’est là que Michel Maffesoli essaiera de rappeler une autre sensibilité à la nature, une nature non matérielle, incommensurable, une nature enfouie, celle d’un individu émotionnel, affectif, tribal, communautaire. Une nature réenchantée, réenchantant, à l’empathie du retour à «l’orgie», à Dionysos, au quotidien des sens et des temps jouissifs. Très attentif à la saturation des valeurs modernes, il oriente son focus sur les paradigmes de ce nouveau monde en irruption. Il s’installe, et se fait observer, en rupture et distanciation avec l’interprétation du monde, telle que dans le projet de Nicolas Copernic (1473-1543), Johannes Kepler (1571-1630), Isaac Newton (1642-1723), Galilée (1564-1642) et tous les scientifiques modernes dont l’acception de l’univers est domination, possession, instrumentalisation. Pour les philosophes de la pensée du quotidien, le monde est ce qu’il exprime, ce qu’il est, ce qu’il manifeste, non ce qu’il doit être au nom des impératifs du progrès, des sciences, des forces productives, techniques, des méthodes d’observation, de la rigueur, de l’exactitude, l’unité des sciences, l’esprit des inventions multiples, ambitions admises et requises pour parfaire la condition humaine, le progrès libérateur, quoi qu’il en coûte à l’humanité.

Ces idées foisonnaient depuis déjà le début de la renaissance, s’acheminant vers une vision sociale participative des pouvoirs et des états démocratiques. La question qui s’en est suivie; la postmodernité a -t-elle suffisamment bousculé les certitudes, ébranlé les consciences pour pouvoir prétendre revendiquer ce qu’elle a induit et conduit pour l’avènement de sociétés moins hermétiques, plus permissives, interpellant le présent comme le présentéisme autour de congrégations individuelles et communautaires, encore moins homogènes, moins cohérentes, plus exubérantes, assez polymorphes récusant le devenir, la raison, le devoir-être des temps modernes? Comment a-t-elle pu conduire une telle métamorphose au profit d’un sentiment aléatoire, spontané, à l’adresse d’une émotion vive, d’un affect éprouvé, d’un tribalisme consenti, d’une liberté d’être et d’agir, au-delà de toute contrainte ou contrariété ? Comme si les sociétés du présent que nous vivons s’insurgent comme contre-modèle, pour un vivre-ensemble consenti, par un libre choix propre. Un laisser-faire, un laisser-agir, un laisser pour compte et le rejet de tout modèle, de tout étalon, de tous référents imposés pour être pensés pour tous. Un rejet réel de l’imposition dans ces sociétés de la désinvolture, du retour à la nature, au sentiment, à l’image, à ces signes qui ne trompent plus sur ces nouvelles sociétés défiantes. Il suffira, pour autant, de contempler le monde pour s’en apercevoir, à savoir l’hégémonie de l’image, sa forte persuasion, son partage des valeurs précaires, éphémères et libertaires qui défient et abusent des temps rationnels et formels. Pour nous, il revient d’en saisir ici la latitude, de comprendre les manifestations, d’en interroger les déclinaisons, d’en interpréter les déraisons, d’en décliner le quotidien et essayer de comprendre ces nouvelles rébellions et résiliences, face à une histoire qui semble prendre fin, celle des idées de la modernité et des impératifs du progrès, du plus-être et mieux-être. Quelque chose qui naît et dont il revient de saisir les sens, les non-sens et les attributions. La société du devoir, de la rigueur, d’un à-venir à projeter, est-elle entrain de laisser la place à la Société de l’Être, du présent, de l’Être au présent, un présentéisme imprégnant qui devient lui-même forme de vie et d’impensé?

Un présentéisme auquel il revient d’être attentif, qu’il revient de comprendre, selon Michel Maffesoli, et non de critiquer, contrairement à l’école de Francfort. Non seulement Michel Maffesoli n’en fait aucune critique, aucun réquisitoire, aucun jugement, aucun reproche, mieux encore, il trouvera fondement et essentialité dans ses manifestations relayées par ce présentéisme des médias, du monde interactif, largement virtuel, les émergences artistiques, les créations visuelles, les écritures corporelles, les émanations sonores qui annoncent des conduites sociales volontaires, y compris par leurs apparences involontaires. Ces discours et attitudes désabusés, revendicatifs de quelque chose de peu conventionnel, libérés et franchis des contraintes, des obligations et conventions établies. Serait-ce un véritable réenchantement du monde, à travers ces univers des rituels, des plaisirs et des imaginaires partagés, en clan, en tribu, en communauté ? Alors que la modernité crée l’individualisme, la postmodernité réintroduit l’individu, le communautarisme où la personne réintègre ces lieux communs de partage désabusé. Serait-ce une défiance à la modernité ? Une riposte aux idées progressistes ? Une dénonciation des idéologies, des idéologues et des penseurs de la modernité ? Un rejet des élites confortablement établies dans les registres de l’ordre et de la régulation sociale, au dédain des transmutations et réalités du quotidien en cours ? Pour autant, devrions-nous nous hisser à l’aune de ce qui traverse ce quotidien, les écritures de la contemporanéité émergente, sans avoir à lui imposer schèmes, formats, conformisme, mimétisme et rigidité ? Devrions-nous, réapprendre à contempler cette société de l’image, de l’émotion pour en observer la polysémie des valeurs qui y habitent, la vitalité des communautés qui porte sa diversité, l’inconscient collectif qu’elle dégage, ce genre qui dépasse les genres ; différent, spontané, ludique, passionné, passionnel et exacerbé. Une société des sens primaires, décomplexée, celle encore une fois du Carpe diem ? Une société aux sens jouissifs qui (re) conjugue des plaisirs retrouvés, du vivant vécu, sans avoir à se soucier du cérébral et du devoir social.

Toutes pourvues de contenu, ces manifestations sont portées de manière communautaire par les nouveaux médias, les réseaux sociaux et la révolution numérique, elles parviennent plus rapidement à en persuader, à les distribuer, les catalyser, les communiquer jusqu’à en communier. C’est ce caractère holistique, vitaliste qu’il nous revient d’appréhender, apparenté à une postmodernité volontaire et volontariste. Pour en saisir la confluence, et déterminer l’interrogation, nombreuses inspirations nourrissent cette pensée dont ces antécédences dans la pensée allemande, celle de Frédéric Nietzsche, ses critiques et commentateurs dont Gilles Deleuze, Pierre Chassard, Richard Blunck, Georges Bataille, Charles Andler et Jacques Derrida, pour ne citer que ceux-là. Des sociologies phénoménologiques et compréhensives, non positivistes, dont celle de Georg Simmel et l’œuvre commentée et analysée entre-autres par David Frisby, Siegfried Kracauer, François Leger, Patrick Watier. Parmi ses références Max Weber, Martin Heidegger dont nombreux chercheurs ont analysé l’œuvre et la pensée, Andrew Jeffrey, Jean-François Courtine, Françoise Dastur, Jean Greisch. Nous pouvons y déceler aussi parfois quelques aspects de la philosophie analytique de Ludwig Wittgenstein, dont on peut lire «Quelques remarques sur la forme logique», «Recherches philosophiques», «Remarques sur les fondements des mathématiques», «Remarques philosophiques», «Leçons et conversations», «Grammaire philosophique», «Remarques sur les couleurs». Aussi des sociologies dites subjectives de Alfred Schűtz à travers «Le chercheur et le quotidien. Phénoménologie des sciences sociales», préfacé par Michel Maffesoli, «Éléments de sociologie phénoménologique», «L’étranger: un essai de psychologie sociale», «Écrits sur la musique - 1924-1956», «Contribution à une sociologie de l’action», «Essais sur le monde ordinaire», «Don Quichotte et le problème de la réalité». Jusqu’à celles contemporaines, sous l’angle de la psychanalyse de l’inconscient collectif de Carl Gustav Jung dans «Ma vie, Souvenirs rêves et pensées», «L’Homme à la découverte de son âme», «La dialectique du Moi et de l’inconscient». Alors que l’école de Francfort prend position contre une culture «banale», «inférieure», «décadente», à la «surface visible», critique de la télévision et des «industries culturelles» agissant au profit d’une subculture médiatique «triviale», la sociologie compréhensive autant que la socialité se positionnent dans un système de pensée qui correspond à une nouvelle réalité, celle de la contemporanéité présentée comme synthèse historique de l’humanité, récusant des siècles de civilisation, une modernité sujette à critique et à caution, définie pour rationaliste, utilitariste, unilatérale, au regard d’un monde qui fait sa révolution et autocritique pour choisir de se départir de l’ordre établi.

Tandis qu’Alain Touraine développe sa sociologie dynamique de la différence du genre entre hommes et femmes, et que Jean-François Lyotard s’associe au post-structuralisme et développe une approche critique de la postmodernité, Pierre Bourdieu dont on peut lire entre autres ouvrages «Les Héritiers. Les étudiants et la culture», «Le Métier de sociologue. Préalables épistémologiques», «La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement», «La Distinction. Critique sociale du jugement», «Le Sens pratique», «Questions de Sociologie», «De l’Etat», il pensera le lien affermi entre socialisation et actions des individus. Pour lui, les dispositions de l’habitus sont des schèmes de perception et d’action qui permettent à l’individu de produire des pratiques nouvelles adaptées au monde social où il se trouve, ce qui a été longtemps critiqué par les poïéticiens comme René Passeron, présenté au début de l’ouvrage, et pour qui la création n’est pas une réponse à un besoin, mais la création d’un besoin même, dans un monde surréaliste qui cherche à redéfinir les éléments du langage, à travers une «poïétique» prise pour ne pas être une réponse à une condition mais la condition elle-même de l’Être, en faisance, en actance, agissant par un sentiment de liberté. L’art pour être, exister, vivre et agir contre le diktat social, normatif et formaliste, autoritairement formulé. Ainsi, Maffesoli n’en fait pas une pensée cyclique sur les époques linéaires, diachroniques ou anachroniques, entre croissance et décroissance, progrès et regrets. La contemporanéité postmoderne est née comme une restitution de la cohésion entre nature et esprit.»


 

i. (Interview publiée dans La Presse de Tunisie en avril 1967) ii. CELAAN, Michel Foucault En Tunisie (1966-1968), vol. 12, Number 1 & 2, Spring 2015 iii. Nouvel Observateur, Publié le 10 février 2018 à 10h30. iv. Nouvel Observateur, Publié le 10 février 2018 à 10h30. v. ANDLER (Charles), Nietzsche, sa vie, sa pensée (6 volumes), Paris, Bossard (puis Gallimard NRF), 1920-1931 : 1) Les précurseurs de Nietzsche (1920) ; 2) La jeunesse de Nietzsche (1921) ; 3) Le pessimisme esthétique de Nietzsche (1921) ; 4) La maturité de Nietzsche (1928) ; 5) Nietzsche et le transformisme intellectualiste (1934) ; 6) La dernière philosophie de Nietzsche (1931) - BLUNCK (Richard), Nietzsche. Enfance et jeunesse, Paris, Corréa, 1955 - GUERIN (Michel), Nietzsche, Socrate héroïque, Paris, Grasset, 1975 - BATAILLE (Georges), Sur Nietzsche, Paris, Gallimard, 1945 - CHASSARD (Pierre), Nietzsche, fatalisme et histoire, Paris, Copernic, 1977 - DELEUZE (Gilles), Nietzsche et la philosophie, Paris, PUF, 1962 - DERRIDA (Jacques), Eperons, sur le style de Nietzsche, Paris, Flammarion, Champs, 1978 vi. ANKERL (Guy), Sociologues allemands. Études de cas en sociologie historique et non-historique. Nechâtel, A la Baconnière, 1972 - ARON (Raymond), Essai sur la théorie de l’histoire dans l’Allemagne contemporaine. La philosophie critique de l’histoire, Paris, Vrin, 1938 - FRISBY (David), Sociological Impressionism: A Reassessment of Georg Simmel’s Social Theory, Routledge, 1992. - KRACAUER (Siegfried), «Georg Simmel» in The Mass Ornament, Harvard University Press, 1995 - LEGER (François), La pensée de Georg Simmel, Kimé, 1989 - VANDENBERGHE (Frédéric), La sociologie de Georg Simmel, La Découverte, 2001 - WATIER (Patrick), Simmel sociologue, Circé, 2003 vii. WEBER (Max), Confucianisme et taoïsme, trad. par Catherine Colliot-Thélène et Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 2000 - WEBER (Max), Économie et société dans l’Antiquité, précédé de Les causes du déclin de la civilisation antique, La Découverte et Syros, 1998 - WEBER (Max), Économie et société t. 1, Les catégories de la sociologie t. 2, L’organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l’économie, trad. sous la dir. de Jacques Chavy et d’Éric de Dampierre, Plon, 1995 - WEBER (Max), Essais sur la théorie de la science, trad. par Julien Freund, Plon, 1965 - WEBER (Max), Hindouisme et bouddhisme, traduit et présenté par Isabelle Kalinowski et Roland Lardinois, Flammarion, 2003 - WEBER (Max), Histoire économique. 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JEFFREY (Andrew), Heidegger et son siècle : temps de l’être, temps de l’histoire, Paris, puf, 1995 - COURTINE (Jean-François), Heidegger 1919-1929: de l’herméneutique de la facticité à la métaphysique du Dasein, Paris, Vrin, 1996 - COURTINE (Jean-François), Heidegger et la phénoménologie, Paris, Vrin, 1990 - DASTUR (Françoise), Heidegger et la question anthropologique, Louvain-la-Neuve, Éd. de l’Institut supérieur de philosophie, 2003 - DASTUR (Françoise), Heidegger. La question du logos, Paris, Vrin, 2008 - GREISCH (Jean), L’arbre de vie et l’arbre du savoir. Les racines phénoménologiques de l’herméneutique heideggérienne (1919-1923), Paris, Le Cerf, 2000 - GREISCH (Jean), Jean, Ontologie et temporalité. Esquisse d’une interprétation intégrale de Sein und Zeit, Paris, puf, 1994 ix. WITTGENSTEIN (Ludwig), Tractatus logico-philosophicus, trad. fr. 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