- Témoignage 1 -
... En 2005, les 16èmes « Rencontres scientifiques de musicothérapie» se sont tenues à Tunis, sur l'invitation de M. Mohamed Zinelabidine. Les débats y furent passionnants, pleins de prudence quant aux « promesses » mais pleins d'invention quant aux protocoles à mettre en œuvre, ce qui témoigne de l'honnêteté de cette discipline relativement nouvelle dans l'offre académique occidentale. Les débats avec la salle avaient été passionnés et passionnants. Pour ma part je suis intervenu comme « historien » témoignant déjà d'un souci (ou à tout le moins d'une conscience) des « pouvoirs » de la musique, en particuliers aux 16 et 17èmes siècles.
Depuis 2004 je suis régulièrement invité à donner un séminaire de technique vocale occidentale dans le cadre des formations de Masters dispensées à l'Institut Supérieur de Musique de Sousse. Tout au long de ces années, j'avais remarqué à quel point il y a, au regard du répertoire lyrique occidental, un potentiel vocal rare chez les jeunes tunisiens : ils ont des voix « naturelles », très méditerranéennes, corsées, souvent très sonores ; ils ont des voix « personnelles» non formatées par l'écoute du disque et la fréquentation des traditions. Au long de ces années, j'ai pu rencontrer au moins 3 jeunes chanteurs qui, potentiellement, auraient pu (en poursuivant bien sûr leurs études vocales jusqu'au bout) devenir chez nous des solistes lyriques de premier plan. Or ils commençaient pour la plupart d'entre eux le chant classique occidental en entrant en Master, puis arrêtaient une fois le Master obtenu (on est loin des 7 à 10 ans d'études que nous mettons nous a former nos chanteurs lyriques). Je m'en suis souvent entretenu avec M. Zinelabidine qui m'a toujours à ce sujet prêté une oreille attentive et bienveillante ...
Joël HEUILLON
Maître de Conférences, Directeur du Département de Musique de l'Université de Paris 8 Vincennes à St Denis, Directeur du Laboratoire de Recherche Euridice 1600-20003
- Témoignage 2 -
Lors de la « IVe Conférence internationale de Tunis des politiques de développement culturel» en décembre 2008 à Carthage, de nouvelles perspectives se sont faites jour. En effet, le projet de création de la Cité de la Culture de Tunis a ouvert une perspective, dans le cadre plus précis de l'une de ses composantes, l'Opéra de Tunis, concernant ces jeunes chanteurs. Ce congrès a foisonné d'idées, d'analyses, de propositions.
Dans la foulée de ces journées, M. Zinelabidine m'a demandé de réfléchir, au titre de Directeur artistique, à la mise en place des structures lyriques et en particuliers à celle d'un chœur. Il a été clair pour moi que toutes ces générations de jeunes chanteurs initiés à l'art lyrique occidental dans les ISM de Sousse et de Tunis depuis maintenant quelques années constitueraient le vivier idéal de recrutement de jeunes chanteurs pour le chœur de l'Opéra de Tunis.
Comme ils ne sont pas encore formés entièrement le projet est de les inscrire dans la double perspective d'un cadre de production et d'un lieu de formation. Pour rivaliser professionnellement avec le reste du monde ils doivent terminer leur formation musicale et vocale, mais également linguistique, et scénique (à ce compte là, ils rivaliseront haut la main, car le potentiel vocal est remarquable).
Joël HEUILLON
Maître de Conférences, Directeur du Département de Musique de l'Université de Paris 8 Vincennes à St Denis, Directeur du Laboratoire de Recherche Euridice 1600-20003
- Témoignage 3 -
Dans le même esprit de collaboration et de confiance scientifique, en septembre 2003, lors du « Colloque sur la Modalité », à l'Université Paris 8, nous avons pu, grâce à M. Zinelabidine, réunir un certain nombre de chercheurs et d'étudiants tunisiens autour des nôtres pour enrichir de leurs éclairages les nombreuses questions que nous posent encore « les » modalités (notre modalité historique, celle aujourd'hui revendiquée par le jazz, celles aussi, très riches et variées, présentées par les divers représentants des musiques orientales - Liban, Tunisie, Iran. Ce Colloque a obtenu un énorme succès auprès de nos étudiants ; au point que nous travaillons à la tenue d'un colloque « Modalités 2 » à venir. Je me souviens également très bien du « Congrès International sur Les Nouvelles technologies de la culture » d'octobre 2002, à l'Institut Supérieur de Musique de Sousse, qui a permis par la variété et la richesse des interventions d'aborder cette question avec lucidité, enthousiasme, dans la prudence néanmoins de l'expérience (les arts s'étant déjà « frottés » aux innovations technologiques tout au long du Xxème siècle). A titre personnel, je suis intervenu pour montrer comment, en son temps, le disque en « fixant » les choses, avait contribué dans la cadre de l'opéra à un appauvrissement de la variété des timbres et à la fossilisation de traditions d'interprétation ; je plaidais donc pour une approche lucide et prudente des nouvelles technologies. La qualité des communications et des prestations artistiques déployées avaient placé ce congrès très haut ...
Joël HEUILLON
Maître de Conférences, Directeur du Département de Musique de l'Université de Paris 8 Vincennes à St Denis, Directeur du Laboratoire de Recherche Euridice 1600-20003
- Témoignage 4 -
Je viens témoigner du plaisir et du grand intérêt scientifique que j'ai pris ces dernières années, en participant aux opérations organisées par le Laboratoire de Recherches en Culture, Nouvelles Technologies et Développement de l'Université de Tunis (dirigé par Monsieur le Professeur Mohamed ZINELABIDINE). Cette participation a plus dune fois pris la forme d'une véritable collaboration. Ainsi, en novembre 2001, acte fondateur, lors du « Congrès international sur Poésie et musique entre traditions comparées » (Carthage - Sousse), au-delà d'une nombreuse délégation scientifique, nous sommes parvenus à faire venir en Tunisie (dans le cadre associé du Festival « Automne Musical de Carthage »), un spectacle d'opéra expérimental, proposé par le Laboratoire de Recherche « Euridice 1600-20003 » : la résurrection de « EURIDICE » de Jacopo Peri et Ottavio kinuccin (1600), soit le premier opéra de la tradition occidentale. Ce spectacle, fruit d'une collaboration entre notre Laboratoire et de jeunes artistes nous a permis de présenter dans ce colloque, les questionnements les plus actuels sur la question musique/poésie ; après l'avoir donné dans les Salons du Sénat à Paris, c'est par la synergie déployée par M. Zinelabidine avec notre établissement ainsi que d'autres niveaux administratifs français que nous avons pu faire venir ce concert de cinquante personnes en Tunisie.
Joël HEUILLON
Maître de Conférences, Directeur du Département de Musique de l'Université de Paris 8 Vincennes à St Denis, Directeur du Laboratoire de Recherche Euridice 1600-20003