Le 21 mai 2023, Rayyanah Barnawi est devenue la première saoudienne, et accessoirement la première femme arabe, à avoir séjourné dans la fameuse Station spatiale internationale (ISS) pendant 10 jours pour mener toute une série de recherches scientifiques. Dans une Arabie saoudite de plus en plus ouverte au monde et émancipatrice, encore à l’aube de changements profonds et radicaux, le rôle des femmes saoudiennes (spécialement des jeunes) émerge et fait désormais partie intégrante de ces vastes plans de réformes. |
L'essor des femmes saoudiennes à l’ère de Vision 2030

Toujours dans le viseur, le titanesque projet de modernisation économique et sociale “Saudi Vision 2030” porté depuis 2016 par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, plus communément appeler MBS, dont le but, à terme, n’est pas seulement de vouloir diversifier l’économie du pays afin de la faire sortir de sa rente majoritairement pétrolière, mais surtout une volonté bien affichée de vouloir changer une société et un mode de vie autrefois bien marquer par un islam rigoriste. D’ailleurs, tout ceci commence déjà très tôt, en effet entre 2018 et 2020, le taux d’activité des femmes à grimper en flèche pour passer d’environ 20 à 33%. Désormais, une Saoudienne sur trois possède un emploi, principalement dans le secteur privé.
Non seulement la femme Saoudienne a désormais accès à un marché du travail de plus en plus ouvert; banque, police et construction..etc, des secteurs autrefois strictement réservés aux hommes, elle peut également prétendre à des postes de direction, essentiels à la poursuite du développement du Royaume. En 2017 déjà, deux femmes saoudiennes ont été nommées pour diriger deux importantes institutions financières : Sarah Al-Suhaimi s’est retrouvée à la tête du conseil d'administration de la Bourse saoudienne, plus connue sous le nom Tadawul (la bourse arabe la plus importante du Moyen-Orient) et Rania Mahmoud Nashar au poste de PDG de la Samba Financial Group.
Une révolution en marche : vers une égalité des chances

D’après Mme Noor Nugali, rédactrice en chef adjointe d’Arab News, ayant participé à un débat intitulé “Les pionnières saoudiennes : le changement de l’intérieur” lors du Forum des femmes arabes qui s’est tenu à Dubaï le 17 mai 2022, celle-ci estime que le lancement du projet Vision 2030 a permis aux femmes de pouvoir disposer d’opportunités qui n’existaient pas jusqu’alors :
“Aujourd’hui, nous voyons davantage de femmes saoudiennes accéder à des postes importants et briller dans différents domaines. Ce n’était pas à cause d’un manque de talent dans le passé, mais d’un manque de possibilités, ce qui est maintenant très clair. Nous voyons donc beaucoup plus de femmes rejoindre la population active à des postes de haut niveau aujourd’hui.”
Elle ajoute :
“[...] Vision 2030, mise en place par les dirigeants saoudiens, a créé une stratégie visant à rendre égales les chances de la main-d’œuvre et à faire en sorte que les candidats les plus qualifiés soient choisis.”
Pour Sarah al-Tamimi, vice-présidente de la Commission saoudienne des droits de l’homme, également présente lors des débats du Forum, le message est le même :
“La création de nouvelles possibilités pour les femmes sur le marché du travail constitue une dimension importante de Vision 2030.”
Elle indiquera également pour le journal Arab News que le gouvernement saoudien constitue un acteur important dans ce domaine, notamment aux plans réglementaires et législatifs :
“Plusieurs réformes ont été mises en œuvre pour inciter les femmes à entrer sur le marché du travail et protéger leurs droits, de la liberté de circulation et de voyage aux lois et règlements contre le harcèlement.”
Enfin, à noter également que le gouvernement saoudien n’hésite pas à investir de plus en plus dans l’égalité professionnelle et l’éducation des femmes et des jeunes filles du pays, cruciales à la promotion et la formation de celles-ci. Aujourd’hui, les femmes sont environ 7% plus nombreuses que leurs homologues masculins à obtenir des diplômes universitaires (35% pour les femmes contre 28% pour les hommes.)
L e sport, un nouvel enjeu pour l’émancipation féminine

En Arabie saoudite, l’émancipation de la femme passe également…par le sport! Jusqu’à présent, un des rares moments véritablement révolutionnaires pour les athlètes saoudiennes a été l’autorisation du gouvernement saoudien à participer aux Jeux olympiques de Londres de 2012, après insistance du Comité international olympique (CIO) auprès du Royaume. Cette décision inédite fut cruciale aussi bien pour la reconnaissance des femmes dans le milieu sportif que dans la sphère publique, mais avec l’arrivée au pouvoir d’MBS, celui-ci veut aller encore plus loin. D’après les chiffres du Ministère des Sports, depuis 2018, les femmes sont autorisées à assister à des matchs de football dans des stades, de plus, 25 fédérations de tout sport confondus ont aujourd'hui une équipe nationale féminine. À la fin de l'année 2019, plus de 2 400 femmes étaient affiliées à une fédération sportive, 67 % des associations sportives comptent des femmes parmi leurs membres et 30 fédérations comptent au moins une femme dans leur conseil d'administration.
Pour Alanoud Mohammed Algheriri, Chargée d'affaires au Ministère des Sports, “L'objectif principal [aujourd’hui] est de valoriser le sport féminin dans différents domaines”, cela signifie donner accès à des installations, fournir un encadrement, soutenir les fédérations sportives féminines et participer à des compétitions nationales et internationales. Elle ajoute :
“Nous essayons de sensibiliser l'opinion publique sur l'importance du sport féminin pour nous aider à proposer des programmes, des événements et des installations.”
En juillet 2020, le ministre saoudien des Sports, le prince Abdelaziz ben Turki al-Fayçal, a dévoilé les détails de la Mahd, un projet ambitieux qui devrait aboutir à la création de l'une des plus grandes académies sportives au monde, ouverte aux filles comme aux garçons.
Dotée d’installations sportives à Riyad, Djeddah et Damman, l'académie offrira aux garçons et aux filles de 6 à 14 ans un endroit pour apprendre et s'entraîner dans plus de 20 sports différents et avec plus de 10.000 professeurs d'éducation physique.
Mais entre-temps, de nombreuses autres avancées ont également pu être faites pour les femmes! Pour la boxe, dès 2018, la pratique s’est généralisée grâce à l’apparition de clubs de gym féminins à l’instar de celui de Halah Alhamrani, dénommé “Flag” (Fight Like a Girl) à Jeddah. Concernant le sport du “ballon rond”, inexistant il y a encore 5 ans pour la gente féminine, celui-ci est aujourd’hui le plus pratiqué. Formée seulement en 2019, la sélection nationale féminine a fait son entrée dans le classement FIFA en mars 2023. La première victoire de ces dernières face aux Seychelles 2 à 0 en 2022 faisait déjà la une de plusieurs journaux nationaux, où l’on pouvait lire :
“ Les femmes aux maillot vert écrivent l’histoire. ”
Enfin, le basketball n’est pas non plus en reste puisqu’en 2017, la Swish basketball Academy de Djeddah a ouvert ses portes aux sportifs des deux sexes et la création en 2019 de la toute première équipe féminine “Jeddah United” sous l’impulsion de Lina Almaeena, elle-même basketteuse professionnelle.
Références
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