- Extrait 1 -
... Artiste et intellectuel, Mohamed Zinelabidine ne redoute pas les champs de réflexion complexes, pas plus qu'il ne craint d'agir pour une Res Publica dont il porte au plus haut les valeurs humanistes. Face à la crise généralisée du régime moderne d'historicité fondé sur un « processus », selon Hannah Arendt, qui nourrit des débats publics galvaudant souvent les concepts complexes de « nation » et d'« identité », il propose fécondes contributions dont le épistémologique est « l'impensé », entendons « l'impression imaginée » et « le pas encore questionné ». Ce nouvel opus, La Tunisianité au pluriversel, est placé sous un impératif que Nietzsche emprunte à Pindare, « Deviens ce que tu es ». L'injonction s'adresse aux Tunisiens comme à lui-même, et Mohamed Zinelabidine l'égrène implicitement non seulement sous la forme « que sommes-nous ? », « qui sommes-nous ? », mais aussi « que devons-nous faire ? », « que pouvons-nous espérer ?». Et, s'il dévoile quelque amertume à la fin de l'Épître IV, c'est aussi pour refuser tous les simplismes et, d'abord, le « choc des civilisations », en lieu et place d'une « histoire conjuguée et recomposée entre Orient et Occident
Françoise BRUNEL
Historienne des Révolutions, Ancienne Vice-Présidente de l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne
Extrait de la préface de l'ouvrage
- Extrait 2 -
.... La « Tunisianité » nous conduit à interroger ce qu'est (ou n'est pas) l'identité d'une nation. Pour contredire la tradition « essentialiste », l'identité n'est ni transcendante ni immuable, elle n'est pas une « mêmeté », selon la terminologie de Paul Ricœur. Historiquement construite, elle est dynamique et plurielle, faite de « convergences » (le mot est récurrent sous la plume de Mohamed Zinelabidine), inscrite dans un récit, elle est « ipséité ». Est-elle pour autant réductible à un mythe, voire à une illusion ? Ce serait faire peu de cas des représentations mentales qui pèsent si lourdement sur les réalités sociales et les institutions politiques. La longue histoire tunisienne, à laquelle sont consacrées les analyses réflexives des quatre premières Épîtres de ce livre, en témoigne avec force....
Françoise BRUNEL
Historienne des Révolutions, Ancienne Vice- Présidente de l'Université Paris I - Panthéon Sorbonne
Extrait de la préface de l'ouvrage